Nous l’attendions avec impatience, la nouvelle version du Guide alimentaire canadien a enfin fait son entrée dans le monde de la nutrition le 22 janvier dernier. Alors que l’ancienne version datait de 2007, les messages qui y étaient véhiculés ne semblaient plus du tout à jour, la science de la nutrition ayant connu de nombreux avancés dans les 12 dernières années. C’est donc avec enthousiasme que je vous présente les principaux constats que j’ai dégagés de cette nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien et des documents explicatifs qui l’accompagnent.
Quand les portions laissent place aux proportions
Alors que l’ancienne version du Guide alimentaire suggérait un nombre de portions à consommer pour chaque groupe alimentaire selon les différents groupes d’âge, la version améliorée illustre plutôt ses recommandations sous la forme d’une assiette. Voilà donc une façon beaucoup plus simplifiée, visuelle et accessible d’aborder la saine alimentation!
Plus que 3 groupes alimentaires
Comme vous le savez probablement déjà, les fameux produits laitiers ne forment plus un groupe alimentaire distinct. En effet, le lait et ses substituts font désormais partie des «aliments protéinés». À ce nouveau groupe alimentaire, se joignent également les «aliments à grains entiers» ainsi que les «fruits et légumes». En vue d’une alimentation saine et variée, ces trois groupes d’aliments devraient être présents aux trois repas de la journée, et ce, selon les proportions suivantes :
Miser sur les fruits et légumes
Les fruits et légumes devraient représenter la moitié de votre assiette à chaque repas, rien de moins! Le nouveau Guide alimentaire canadien n’a certainement par réinventer le monde de la nutrition de par cette recommandation, les bienfaits sur la santé attribués à une alimentation riche en fruits et légumes étant bien connus depuis des lunes. Or, Santé Canada pousse cette idée un peu plus loin en mettant l’accent sur la variété des fruits & légumes consommés, qu’il illustre de très belle façon par la multitude de couleurs présentes dans l’assiette équilibrée présentée ci-haut.
Les protéines végétales à l’avant-plan
Détrompez-vous, Santé Canada ne souhaite pas nécessairement faire des Canadiens des végétaliens aguerris de par cette nouvelle mouture du Guide alimentaire. En effet, le groupe des «aliments protéinés» compte toujours plusieurs sources de protéines animales telles que la viande, la volaille, le poisson, les œufs et les produits laitiers. Toutefois, dans les lignes directrices accompagnant la nouvelle version, il est inscrit noir sur blanc que «parmi les aliments protéinés, ceux d’origine végétale devraient être consommés plus souvent». Ces dernières étant associées à une diminution de certains facteurs de risques liés aux maladies cardiovasculaires, il est tout à fait cohérent d’en encourager leur consommation.
Privilégier les grains entiers
L’ancien groupe alimentaire des produits céréaliers laisse maintenant place aux aliments à grains entiers. En d’autres mots, on encourage toujours la consommation régulière de produits céréaliers, mais, cette fois ci, les lignes directrices se veulent plus précises dans la qualité des aliments à privilégier. La différence entre un pain blanc et un pain fait de grains entiers, entre un riz blanc et un riz brun, entre une pâte de blé et une pâte de blé entier, elle se retrouve principalement dans la quantité de fibres qu’ils contiennent. Les bienfaits des fibres sur la santé intestinale, la santé cardiovasculaire et le contrôle du poids n’ayant maintenant plus de secret pour la science, il n’est pas étonnant de voir les grains entiers triompher dans cette nouvelle version.
L’eau : le breuvage par excellence
La version révisée du Guide alimentaire ne manque pas d’aborder le sujet de l’hydratation et des breuvages à privilégier, aspect essentiel de la saine alimentation souvent laissé de côté. Ainsi, Santé Canada invite les Canadiens à privilégier l’eau au quotidien, question de favoriser la santé et l’hydratation sans toutefois ne faire augmenter l’apport calorique journalier. Pour varier de l’eau à l’occasion, le lait faible en gras, les boissons végétales enrichies non sucrées, ainsi que le thé et le café non sucrés sont considérés comme des alternatives nutritives pouvant aussi contribuer à une bonne hydratation. Les jus de fruits et les laits aromatisés, quant à eux, ne sont désormais plus reconnus comme des boissons à favoriser quotidiennement, celles-ci étant très riches en sucres libres.
Un mot sur les comportements alimentaires
On ne peut que se réjouir de voir que, enfin, le Guide alimentaire canadien ose s’éloigner légèrement des aliments et des nutriments pour laisser place aux fameux comportements alimentaires, lesquels sont tout aussi importants pour la santé. Dans cette nouvelle version on encourage la population à :
- Prendre conscience de ses habitudes alimentaires
- Savourer les aliments
- Cuisiner plus souvent
- Prendre ses repas en bonne compagnie
Il invite donc les Canadiens à revenir aux bases de la saine alimentation, lesquelles semblent avoir été délaissées dans le mode de vie effréné dans lequel nous vivons. Or, il est clair que cuisiner plus souvent ne peut être qu’un avantage dans l’objectif d’adopter une alimentation saine et variée, ce dernier comportement pouvant laisser place à de beaux moments en famille tout en limitant l’achat de produits ultra-transformés. Dans un même ordre d’idée, faire des repas un moment de plaisir en bonne compagnie tout en prenant le temps de savourer les aliments sont d’autres bons moyens d’encourager le plaisir de manger, lequel ne devrait jamais être perdu de vue malgré toutes les autres recommandations nutritionnelles prônées dans ce guide.
Les produits ultra-transformés au banc des accusés
La nouvelle mouture du Guide alimentaire canadien nous encourage fortement à diminuer notre consommation de produits ultra-transformés. Par «produits ultra-transformés» il réfère principalement aux aliments et aux boissons transformés contribuant à un apport excessif en sodium, en sucres libres ou en gras saturés, lorsque consommés régulièrement. De par ses lignes directrices, il lance d’ailleurs un signal d’alarme en affirmant que, dans les dernières années, l’augmentation significative de la disponibilité et de la consommation de ce type d’aliments a été associée à une augmentation du taux d’obésité global. L’obésité constituant un facteur de risque important de nombreuses maladies chroniques, il est tout à fait sensé d’encourager la consommation d’aliments frais et de mets cuisinés maison en dépit des produits ultra-transformés que sont les boissons sucrées, les aliments frits, les produits de confiserie, les viandes transformées, etc.
En somme, ce Guide alimentaire canadien révisé est très bien accueilli dans le monde de la nutrition. Les recommandations qui y sont prônées sont tout à fait en accord avec la science et avec la vision de la saine alimentation que nous arborons depuis déjà plusieurs années en nutrition. Bien entendu, il est primordial de garder en tête que ce Guide alimentaire a été conçu en vue de présenter les bases de la saine alimentation. Comme il s’adresse à une population générale, il convient de l’adapter en fonction des besoins, des habitudes et des préférences de tous et chacun. En aucun cas, un Guide alimentaire ne remplacera un suivi personnalisé avec une nutritionniste, mais il demeure un excellent outil pour inculquer les principaux fondements de la saine alimentation dans la population.
Par Anabelle Moisan – Nutritionniste
Références
Santé Canada, Guide alimentaire Canadien, Ottawa, 22 janvier 2019, [en ligne] https://guide-alimentaire.canada.ca/static/assets/pdf/CFG-snapshot-FR.pdf
Santé Canada, Lignes directrices canadiennes en matière de saine alimentation, Ottawa, 22 janvier 2019, [en ligne] https://guide-alimentaire.canada.ca/static/assets/pdf/CDG-FR-2018.pdf
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